Tout autant accoucheur que fossoyeur, Laurent Fièvre est un peintre, sculpteur et illustrateur qui exploite ouvertement des thématiques macabres afin de bousculer et d’engager une réflexion sur le parcours souvent accidenté de la vie.

Née d’un travail sur l’expressivité, sa démarche vise en premier lieu à provoquer. Au moyen de thèmes figuratifs, il aiguise les sentiments, déclenche des émotions, et suscite des réactions pour mettre le spectateur face à sa propre condition. Le sentiment de manque se dégage prioritairement dans l’œuvre de Laurent Fièvre. Il l’exprime en amputant ses personnages, en leur retirant des sens comme la vue, la parole ou le toucher. Son but est de faire entrer en résonance les sentiments provoqués. En débusquant l’essence même de l’humanité par le geste et l’expression de ses mutilés, il parvient à raviver des regards éteints, à dégripper des mouvements figés, et à prononcer des mots inexprimables.

Beaucoup ne pourraient y voir que la peur de la mort ou qu’un aspect macabre et douloureux. Pourtant, une fois les premières appréhensions dépassées, force est de constater que c’est la vie qui, en réalité, est au centre de son travail.

Dans le cadre de ses expositions et de ses recherches artistiques, l’artiste multiplie les collaborations sur un plan international avec des peintres, photographes, écrivains et musiciens. Il a notamment collaboré avec les photographes américains Matt Lombard et John Santerineross, ainsi qu’avec les artistes peintres Natalie Lanson, Ana Galvis et Anne-Sophie Saillour. Ses dessins et peintures illustrent des couvertures de romans (James Osmont et Sébastien Prudhomme-Asnar) et des pochettes de disques (Psyche, Gengis, Anthares, Drama of the Spheres, Brokenheads). Enfin, son travail a fait l’objet d’une monographie en 2016 intitulée « L’intimité partagée », publiée aux Éditions Jacques Flament. La sortie d’un artbook est attendue en 2024 aux Éditions Abstractions.